Le livre des noms : 233 000 esclaves affranchis enfin gravés dans la mémoire

Temps de lecture : 6 min

Mémorial des victimes de l’esclavage

Le 4 septembre 2025, un moment fort de reconnaissance s’est joué à Paris. Lors du comité de pilotage du futur Mémorial national des victimes de l’esclavage, présidé par Manuel Valls, un ouvrage monumental a été remis aux autorités : Le livre des noms, rassemblant les identités de 233 000 hommes, femmes et enfants esclaves, affranchis en 1848 dans les anciennes colonies françaises.
Ce livre est un acte tangible qui donne à voir, à lire et bientôt à graver dans la pierre, des noms que l’Histoire avait rendus invisibles.

Petit rappel historique

Le 27 avril 1848, la France abolit l’esclavage dans toutes ses colonies. Une mesure portée par la IIe République, qui marque la fin légale d’un système d’exploitation profondément inhumain. Pour les esclaves affranchis, l’acte d’abolition ne signifie pas seulement la liberté : c’est aussi l’entrée dans une nouvelle citoyenneté, celle qui passe par l’attribution d’un nom (parfois choisi, parfois attribué) et l’enregistrement dans un état civil qui les reconnaît enfin comme individus.

Que contient Le livre des noms ?

Un travail de fourmi mené pendant 30 ans par des bénévoles, historiens, archivistes, militants de la mémoire. Plusieurs associations sont à l’initiative de ce projet, parmi lesquelles le Comité marche du 23 mai 1998, l’Association des professeurs d’histoire-géographie de la Guyane, l’Association martiniquaise de recherche sur l’histoire des familles et le Collectif réunionnais des noms pour la mémoire.

Au final, le livre se présente comme un volume imposant : 510 pages au format A3, près de
4 kg et surtout 233 000 noms soigneusement consignés. Chaque inscription raconte une vie libérée, un pan de mémoire rendu à une famille, un territoire, une descendance.

À retenir

Le livre des noms est aujourd’hui le recueil le plus avancé sur les affranchis de 1848. Il servira de base de travail officielle pour la future gravure des noms sur les pierres du mémorial national.

Où sera situé le futur mémorial ?

Le futur Mémorial national des victimes de l’esclavage sera implanté dans les jardins du Trocadéro, à Paris, face à la tour Eiffel. Un lieu hautement symbolique, pour une mémoire longtemps tenue en marge.

Ce jardin mémoriel accueillera une œuvre paysagère conçue par Michel Desvigne Paysagiste et l’agence Philippe Prost, lauréats du projet. Les noms des affranchis y seront gravés, de manière pérenne, sur des pierres commémoratives. Une matérialisation puissante, durable, silencieuse − mais parlante.

Comment Zébra a accompagné ce projet exceptionnel ?

Derrière ce grand ouvrage, il y a aussi un défi technique et humain : faire converger en quelques jours des fichiers issus de différents territoires, de formats et de contenus hétérogènes, pour produire un livre lisible, fiable… et prêt à temps.

L’agence Zébra a assuré l’ensemble du traitement des fichiers Excel (homogénéisation, complétions), en lien étroit avec les porteurs de projet. Objectif : fluidifier la mise en page pour permettre au graphiste de travailler dans les meilleures conditions et dans un délai ultra contraint.

  • 5 jours ouvrés pour le traitement des données, la création graphique de la couverture et des pages intérieures et la mise en page.
  • 4 jours d’impression pour produire les 4 exemplaires remis lors de la cérémonie :
    un travail mené dans l’urgence, avec précision, engagement et respect du sujet.

Le résultat : un ouvrage d’une grande beauté formelle, qui a touché l’assemblée présente le 4 septembre. Bien plus qu’un support, Le livre des noms a été l’un des piliers émotionnels de cette cérémonie.

Pourquoi un tel livre n’avait-il jamais été publié avant ?

La dispersion des sources, la complexité des formats d’archives et l’absence d’un portage institutionnel unique ont longtemps retardé ce travail. Il a fallu la mobilisation d’associations, le soutien de l’État et une coordination rigoureuse (notamment pour la production du livre) pour que ce projet voie le jour dans un format fiable, structuré et accessible.

FAQ

Pourquoi ce livre s’intitule-t-il Le livre des noms ?

Le titre évoque la force symbolique du nom propre : ce qui fonde une identité. Il s’agit de rendre visibles les 233 000 anciens esclaves affranchis en 1848, à travers la seule chose qui leur a été niée puis rendue : leur nom.

Les données proviennent des archives d’état civil constituées à partir de mai 1848 dans les anciennes colonies françaises. Elles ont été collectées, traitées et vérifiées par un ensemble d’associations spécialisées dans la mémoire de l’esclavage.

À ce jour, seuls 4 exemplaires imprimés ont été produits pour la cérémonie. Ils sont destinés à une consultation institutionnelle. Il est prévu que ce livre serve de base au futur jardin mémoriel du Trocadéro.

Où seront gravés les noms recensés dans le livre ?

Les noms seront inscrits sur les pierres commémoratives du futur Mémorial national des victimes de l’esclavage, situé dans les jardins du Trocadéro à Paris. Ce projet architectural et paysager est porté par Michel Desvigne Paysagiste et l’agence Philippe Prost.

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